"J'ai hérité d'un peu de la folie de mon père et de la solidité de ma mère" : David Hallyday se livre en marge de sa tournée Requiem pour un fou (2024)

David Hallyday est attendu le 27novembre, à 20heures, au Zénith Sud de Montpellier, avec son spectacle hommage à son père, Johnny Hallyday, "Requiem pour un fou". Entretien

Pourquoi cet albumet cette tournéeRequiem pour un fou, àce moment de votre carrière et de votre vie?

C’est unconcours de circonstances, j’ai commencé à refaire certaines de mes chansons qui avaient un peu mal vieilli au niveau de la prod, ça m’a beaucoup amusé, il y avait un challenge musical.

Ensuite, je me suis attaqué à celles quej’avais composées pour mon pèreet çaa dérivé ainsi, j’ai passé ainsideux années traversés par beaucoup d’émotions qui ont abouti finalement à ceprojet.

Ce spectacle, c’est ma vision de son œuvre et de la mienne réunies, un regard que j’ai voulu assez théâtral, cinématographique, avec des choses fortes.Cela parlede transmission familiale, de ce que je laisse aussi à mes enfants et de cette histoire qu’on avait commencée ensemble.

Vous allez raconter votre famille sur scène, chaque chanson a une histoire…

Oui, je les ai composées suite à des discussionsen famille, ou elles traitent parfois du manque de quelqu’un. J’ai écrit letitreSteve McQueenà une époque où on ne se voyait jamais avec mon père, c’était une façon pour moi de parler decette douleur.

Cette chanson avait super bien fonctionné, maisje ne l’ai pas interprétée depuis 25ans. Ellenous lie, c’est émouvant de la chanter aujourd’hui.

Beaucoup de titres résonnent ainsi intimement, comme Père de personne

C’est un titre lié à mon divorce (avec Estelle Lefébure, en 2001, NDLR), parfois on n’a pas le choix, il faut partir, j’étais dévasté et j’aipassé trois semaines chez mon père. J’avaisl’impression de laisser mes enfants à un autre homme, c’est comme si je n’étais plus papa. Mon pèrem’adit que ceserait un bon sujet de chanson.

Ces titresfont tous partie de mon histoire de famille, c’était important de les remettre dans leur contexte.

Sangpour sangoccupeune place particulière dans votre discographie, comme dans la sienne, vous lui avez offert son plus grand succès, commentaviez-vous vécu ce moment?

Quand on a la chance d’être un artisan, de fabriquer des choses, on aenvie de les partager etque les gensles ressententde la même façon. Il y a des albums que j’ai réussis plus que d’autresparce que j’étais plus dans le moment, parfois j’étais ailleurs, et puis le succèsne repose pas entièrement sur l’artiste, mais j’ai surtout bien vécu le moment qu’on a passé ensemble.

J’étaisaux États-Unis à cette époque, en tournée avec mon groupe américain etje ne m’attendais pas une seconde à bosser avec lui. çaété assez extraordinaire parce que ça nous a permis de nousrevoiret puis de parler musique, la chose qui nous reliait le plus, finalement.

Le voir fier de défendre cet album qui lui plaisait etlui allait en plus comme un gant, c’étaitmon challenge, on l’a réussi. Tout ce qu’iltouchait avait plus ou moins du succès, mais à ce point-là, franchement, je ne pensais pas, c’était une belle surprise.

Dans votre carrière, l’homme providentiel a été votre beau-père, Tony Scotti, expliquiez-vous dans votre autobiographie "Meilleur album" (Cherche Midi), votre père a-t-il lui aussi, à sa façon, accompagné votre parcoursvers la musique, enfant?

Oui d’une autre façon, on ne vivait pas ensemble, j’ai grandi aux États-Unis, il venait de temps en tempsmais c’était épisodique, quand j’allais en France en vacanceson tâchait de se voir aussi.Après mes parents se sont séparés, donc c’était encore plus compliqué de se voir.

Mais ilajoué un rôle important: dans cet album Requiem pour un fou, il y a toutes les chansonsqui m’ont influencé, certaines inconsciemment, quand je l’entendais répéter.Ila fait beaucoup de choses sans s’en apercevoir, finalement…

Onn’est jamais seul à réussir quelque chose, il y a toujours une personne qui croit en vousetvous prend sous son aile: lui, c’est Lee Halyday (le cousin de Johnny) qui lui a mis le pied à l’étrier, moi c’estmon beau-père Tony Scotti, j’en parle beaucoupparce que je lui dois beaucoup.

Votre père a peut-être eu une approche un peu plus de rock’n’roll, il vous réveillait parfois pour vous faire jouer de la batterie devant ses amis…

Oui et j’étais super content, ma mère et ma grand-mère moins… parce que c’était toujours vers les 4-5heures du matin.

Mais j’étais avec mon père, j’étais fier de montrer que je pouvais faire quelque chose que lui ne faisait pas. Je voyais qu’il était fier de moi et quand tu es un petit garçon et que tu ne vois pas beaucoup ton père, ça te fait plaisir.J’adorais ces moments-là.

Le 26novembre 1979, à13 ans, vous faites une apparition surprise à la batterielors d’un concert de votrepèreau Pavillon de Paris, ce moment a-t-ildéterminantdansvotre cheminement?

Ça a été un déclencheur, parce que c’estla première fois que je jouais devant un grand public, j’avais un trac pas possible, quand je suis sorti, j’étais un peu comme dans une bulle et quand je suis redescendu de mon nuage, j’ai dit que j’aimerais moi aussi un jour jouer devant des gens.

Quelle relation aviez-vous avec votre père?

Il y a eu des momentscompliqués, où on ne se comprenait pas, où on s’engueulait. Je ne comprenais pas pourquoi il se mettait si en avant à un certain moment de sa vie, dans les quinze dernières années, mais il y avait toujours de l’amouret du respect l’un envers l’autrequi ne s’est jamais détérioré.

Et on a passé aussi des moments formidables, merveilleux, où on s’amusait, comme une famille normale.

Dans le clip qui accompagne la réédition de Sang pour sang, apparaît votre fils Cameron, c’est une autre forme de passage de relais…

C’est la suite naturelle des choses de cette histoire d’hommes, dans cette salle de billard où tout a commencé pour monpère et moi dansSang pour sang.Mesenfants sont là maintenant et fontperdurer les choses.

C’est aussi pour ça que ce Requiempour un fou, l’albumet la tournée, ont une saveur particulière, toute ma famille s’implique dans ce projet.

Jusqu’à votre sœur, Laura, présente à travers la chanson qui porte son nom…

Je lui ai laissé un message, je lui ai dit on entend beaucoup parler de toi en ce moment, j’espère que ça te convient… Elle est très heureuse, c’est sa chanson, elle l’aime tellement.Le fait que je la chante moi, cette chanson paternelle devient fraternelle, il y a une autre émotion. Je suis super content qu’elle soit fière de ça.

Comment votre mère, Sylvie Vartan, a-t-elle accueilli ce projet?

Avec une larme à l’œi, elle a été super émue.Mes parents ont vécu ensemble l’âge d’or de la musique, les Yéyé, c’était une histoire d’amour folle, démesurée, ma mère devait être dansce projet.

Elle a joué un rôle tellement incroyable dans ma vie, j’ai hérité d’un peu de la folie de mon pèreet de la solidité et de la rigueur de ma mère…

Cette famille que vous racontez sur scène, est-elle aujourd’hui aussi un peu plus apaisée après vos tensions avec Laeticia Hallyday?

Le temps apaise les choses et je ne suis pas quelqu’un de rancunier. J’ai toujours pardonné, parce que je pense qu’on peut faire des fautes, on peut être maladroit. Mais quand ça dépasse la maladresse, c’est plus compliqué de pardonner. Alors je pardonne, mais je n’oublie pas.

Si cet album Requiem pour un foua autant d’importance c’est aussi peut-être parce que toute cette période a été si compliquée pour moi, pour mes enfants, ma famille.

Toutes les choses complètement fausses qu’on a déblatérées sur nous, toutes les choses dont nous avons été privés, quand en plus ça ne reste pas privé, c’est encore plus difficile à vivre.

Il y a une vraie trahison aussi, il y a plusieurs trahisons en une histoire.

Mais j’ai décidé d’en faire quelque chose de positif, un albumqui m’a permis d’aller de l’avant: J’ai quelque chose à vous dire, quia étéaussi important dans ma vie personnelle que celui-là.

J’ai une chance de malade de pouvoir créer de la musique, d’avoir une carrière, c’est ce qui m’asauvé. Le public m’a tellement aidépendant cette période hyper difficile pour moi.

Avez-vousd’autres envies pour continuer à faire vivre ainsi la mémoire de votre père?

Je ne sais pas, ce sera peut-être une envie du public, ou une question de moment, ceque je saisc’est que ça m’a beaucoup plu. Ça a fait remonter des choses enfouies et, moi qui pensais que la musique de mon père était, mélodiquement, totalement différente de la mienne, en allantdans le fond de ses chansons, en les refaisant à ma manière, j’ai réaliséqu’il y avait beaucoup de similitudes.

Aujourd’hui, j’ai commencé à recomposer des chansons, ensuite on verra ce que l’avenir me réserve.

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Author: Jerrold Considine

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